Articles avec le tag ‘lecteur’

Un bibliothécaire, pour quoi faire ?

Mardi 26 avril 2011

Les étudiants n’ont décidément plus besoin de nous.

Non contents de nous remplacer par des moniteurs ou des automates de prêt, ils ne s’étonnent même plus de notre absence. Certes, l’autre fois, une affichette les avait prévenus quelques jours à l’avance que le service serait sans doute perturbé à cause de la grève annoncée de longue date.

Du coup, ils ne se sont guère étonnés de ne trouver personne en banque de prêt le matin. Ils ont allumé les lumières, les ordinateurs, et on mené leur petite vie de 9h à 22h, comme si de rien était. Pour les prêts-retours, l’automate était branché, donc pas de soucis apparents.

Sauf que… tout le personnel était en grève, et la bibliothèque était officiellement fermée. Mais comme les femmes de ménage ont un peu de mal à verrouiller la porte d’entrée après leur passage, les étudiants l’ont trouvée ouverte et on cru que la bibliothèque l’était aussi.

Argh !

  • Share/Bookmark

L’internat qui enfle, qui enfle…

Jeudi 10 février 2011

Les manuels d’internat font partie des best-sellers des bibliothèques de médecine.

Les DCEM se jettent littéralement dessus. Ils ne peuvent pas acheter tout ce qui sort, alors ils empruntent, tous la même spécialité en même temps, en fonction des cours et des examens. Et comme nous n’avons jamais assez d’exemplaires pour eux, les emprunts donnent parfois lieu à une compétition acharnée (truandage pour se faire prolonger les prêts, emprunts croisés avec les cartes des copains – bonjour les embrouilles en cas de retard, exemplaires sciemment mal rangés ou dissimulés derrière des étagères pour que les collègues ne le trouvent pas… J’en passe et des meilleures).

Et l’intérêt pour le papier ne se dément pas. Alors que les éditeurs français, toujours frileux, commencent timidement à tendre un orteil dans le bain de l’édition électronique, les étudiants rechignent à utiliser les manuels en ligne que nous leur proposons en test. Ils veulent du bon vieux papier, qu’on peut transporter avec soi et stabiloter à loisir. Quand les tablettes auront materné les nouvelles générations, et que les ebooks ne seront plus des PDF intouchables, peut-être les choses changeront-elles… Bien sûr, ils se « contentent » de l’électronique quand ils n’ont pas le choix : pays sans bonnes bibliothèques, textbooks trop chers ou volumineux qu’on ne peut pas emprunter, manuels dont tous les exemplaires sont sortis… Surtout que tout ou presque est disponible en ligne d’une manière ou d’une autre, sans attendre que les éditeurs se décident enfin à proposer des offres électroniques cohérentes et abordables. Quand on leur parle des ebooks pendant les formations, les étudiants prennent un malin plaisir à échanger avec leurs camarades les meilleurs adresses pour télécharger tel ou tel manuel, au grand dam du formateur…

Tout ça pour dire qu’une grosse bibliothèque de médecine se doit d’acheter tout ce qui sort en internat, toutes spécialités confondues. Enfin, presque tout, car il existe quand même certaines collections tellement mauvaises que les étudiants ne les empruntent même pas… Non, je ne donnerai pas de non, consultez donc vos stats de prêts !

Sauf qu’en 2008, nous avions évalué qu’il sortait chaque année une centaine de nouveaux titres « internat », tout compris. Pour un prix moyen d’une vingtaine d’euros. Ce qui ne veut rien dire. Car les manuels d’internat appartiennent en gros à deux catégories : les petits à spirales, dans les 10 euros (difficiles à équiper et à ranger : où voulez-vous placer l’antivol ? Et la cote, vu qu’il n’y a pas de dos !?). Et les gros manuels qui dépassent les 30 euros.

Problème. Je viens de faire le bilan 2010. Et nous avons acheté 160 nouveautés ! Pour un prix moyen flirtant toujours avec les 19 euros. Mais 160, c’est plus de 50% de nouveaux titres en deux-trois ans. Ce qui entraîne un budget en hausse considérable, sachant que les manuels d’internat s’achètent parfois par paquets de 30 dans les grandes BU.

À ce problème s’adjoint la question d’un certain éditeur français, aux couvertures flashy – que je ne nommerai pas, car je suis lache. Et puis tout le monde le reconnaîtra. Éditeur connu pour sa production prolifique. Un peu trop même, puisque nous croulons sur les nouveautés, qui ont parfois un goût de réchauffé, à ce que nous en disent les étudiants. Nouvelles éditions où seule la couverture aurait changé, nouvelles collections qui reprendraient des bouts d’autres séries, coquilles en pagaille… Dommage, alors que plein de titres chez eux tiennent la route et sont de grands succès. Il n’y a pas que les bibliothécaires qui se posent des questions, puisque certains étudiants ont même lancé une idée de boycott des récentes publications de l’éditeur, jugées trop décevantes.

Tout ça pour dire qu’il y a de plus en plus d’internat, et que nous avons de moins en moins de sous pour les acheter !

Si vous connaissez les mêmes soucis, témoignez (lachez vos com, comme disent les jeunes).

  • Share/Bookmark

Le bibliothécaire m’a sauver

Jeudi 1 juillet 2010

Pour tordre le coup aux mauvais plaisants qui pensent que les lecteurs n’ont pas besoin de nous.

Bibliothèque Faidherbe, ce soir. Il fait chaud. Trop chaud. Je cherche le tome 3 de la Guerre d’Alan, excellente BD d’Emmanuel Guibert que je devais lire depuis longtemps. Une dessinatrice de mes connaissances m’en disait des tonnes de bien quand, dans notre folle jeunesse, nous arpentions les ruelles d’Angoulême malgré les frimas de janvier.

images

En tant que bibliothécaire, je mets un point d’honneur à utiliser le catalogue quand je ne trouve pas un livre. Malgré les défauts de celui de la Ville de Paris, qui mouline quand même pas mal, même quand on est sur un de leurs postes. Je ne devrais pas faire le malin, l’OPAC de ma faculté ne marche qu’un jour sur deux en ce moment…

Deux exemplaires pour le tome 3, un emprunté, un disponible. Rien dans les bacs. Rien sur les chariots de retour (mais d’autres pépites intéressantes qui finissent dans ma musette). Rien sur les présentoirs. Au renseignement bibliographique, on tente en vain de m’aider. En me demandant si la guerre d’Alan, c’est le titre en série. Heureusement que je suis de la partie, sinon je n’aurais sans doute rien compris. Ah, le jargon des bibliothécaires

Je renouvelle mon désarroi au prêt. Où est passé ce tome 3, disponible mais introuvable ? Et là fulgurance du bibliothécaire. La guerre d’Alan est sortie en un volume regroupant tous les tomes. Retour au SIGB. Ils l’ont ici. Lourd, mais plus beau et surtout complet, plus de problèmes de tomes perdus. Ca tombe bien, je voulais aussi reprendre le tome 1 pour le conseiller à ma femme. Je le prends. Nickel.

Merci à toi, bibliothécaire chevelu de la bibliothèque Faidherbe. Sous tes allures de rocker cool et désabusé, tu es un pro du renseignement bibliographique (faut bien que je jargonne aussi !). Grâce à toi, mon ami, mon frère, je ne suis pas reparti bredouille, et je vais enfin savoir comment se termine la Seconde Guerre mondiale, en tout cas pour ce grand nigaud d’Alan.

C’est pas l’OPAC qui m’aurait aidé comme ça. Merci, j’avais bien besoin de toi, sans le savoir.

  • Share/Bookmark

Le retour du docteur m’abuse, et les étudiants avec moi

Lundi 26 avril 2010

Aujourd’hui, petit événement à la bibliothèque. Un médecin a osé s’aventurer en salle de lecture, en pleine heure de pointe. Impérieux, il m’a salué de l’air entendu qui le caractérise, avant d’aller tout là-bas, au fond de la salle, là où il a ses habitudes. Mais des habitudes plutôt nocturnes, puisqu’il vient d’ordinaire après 18h, après la fermeture de la bibliothèque. Il fait partie de ces privilégiés qui disposent d’un accès VIP par badge, 24h/24h. Seuls les chefs de service – « et leurs proches collaborateurs« , ont droit au badge, même si les D4 aimeraient bien aussi.

Mais là, il était 15 h, et la bibliothèque était pleine d’étudiants, des D3/D4 en l’occurrence (seuls parmi leurs pairs à accéder à la bibliothèque hospitalière, anciennement réservée aux professionnels).

Pourtant, le docteur s’avance au milieu des jeunes ébahis, indifférent aux regards surpris qu’il suscite. Et le voilà, croisant les jambes négligemment, assis à une table en face d’une étudiante qui fait semblant de ne pas le voir.

Les autres médecins sont plus discrets. Ils viennent en coup de vent feuilleter quelques revues, ou récupérer quelques photocopies (heureusement, les porte-revues et les boîtes où nous déposons les articles sont à l’entrée de la salle, nul besoin pour eux de s’aventurer au milieu de la piétaille). Quand ils n’envoient pas leur secrétaire à leur place, faute de temps. Ou bien alors ils reconnaissent, résignés, la présence des DCEM qui ont peuplé leur ancien espace de travail. Certains osant même un salut badin de la main en direction de leurs élèves, depuis l’entrée, quand ils discutent avec nous : « Bonjour à tous. Excusez-moi de vous déranger si je parle un peu fort ! »

On est moins discret quand on est un peu dur de la feuille…

  • Share/Bookmark

Une photo vaut mieux qu’un long discours

Jeudi 11 mars 2010

« Vous avez de l’urologie pédiatrique ? »

« Oui, mademoiselle, nous devons avoir ça en magasin. Vous avez une référence précise ? »

« Oui, un livre que j’ai repéré dans une autre bibliothèque »

« Vous avez noté ça sur un papier »

« Non… Mais j’ai une photo de la couverture… prise avec mon Iphone. »

« On me l’avait jamais fait celle-là ! Mais c’est vrai que c’est pratique. Ouah, non seulement je vois le titre, les deux auteurs, et même la couleur et le lettrage de la couverture. Ah ben oui, il est là, en WS 320. Comme ça, on l’a reconnu tout de suite sur l’étagère. La classe ! »

Il n’y a pas encore une application Iphone qui scanne le code-barre et interroge aussitôt le catalogue idoine ? J’ai du mal à le croire !

  • Share/Bookmark

Faire le bonheur des lecteurs malgré eux

Mardi 19 janvier 2010

Dit et entendu lors d’une réunion de direction, à propos des lecteurs qui dédaignent les formations usagers que nous proposons en bibliothèque :

« Les lecteurs ne savent pas qu’ils ont besoin de nous« 

Sourires convenus dans l’assistance…

  • Share/Bookmark

Formations pour les médecins généralistes

Lundi 18 janvier 2010

… et les autres.
Une astuce communiquée ce jour par une collègue chargée des formations aux usagers,astuce  évidente, mais à laquelle je n’aurais pas pensé naturellement.

Quand vous souhaitez monter une formation destinée aux médecins en exercice, et plus particulièrement aux généralistes : privilégier les mois de mai-juin, quand il y a moins d’épidémies, de rhumes, de gastros et de grippes, et qu’ils sont moins sollicités par leurs patients.

Ça coule de source, mais c’est hyper-important, pour éviter d’organiser des formations sans public !

  • Share/Bookmark

Féminisme & bibliothèques

Lundi 19 octobre 2009

Elle avait vite appris qu’il n’existait pas meilleur professeur que la bibliothèque parce que les auteurs des livres n’avaient aucun moyen de la laisser à la porte à cause de son sexe. Une fois la somme de leur savoir couchée par écrit, ils devaient endurer l’ignominie qu’une femme la lise et la comprenne.

Orson Scott Card, Flammes de Vie, Les Chroniques d’Alvin le Faiseur, p.103 (éd. L’Atalante)

L’héroïne vit dans une Amérique uchronique du début du XIXe s.

  • Share/Bookmark

Le manuel du parfait pirate

Samedi 26 septembre 2009

En fait, il s’agit plutôt du piratage des manuels.
Cela m’étonnait aussi, que les bouquins de médecine, si chers, ne soient pas piratés par les étudiants. Il y avait bien eu quelques articles sur TheStudentBay, équivalent du mal-en-point PirateBay, soi-disant pour les manuels estudiantins.

Mais bon, c’était en Suède, donc plutôt j’imagine pour des ouvrages en suédois, ou en anglais.

J’étais bien loin du compte.

Discussion avec un deuxième cycle :
- »Bon, on va vous revoir à la bibliothèque cette année »
- « Non, je n’aurai pas le temps. »
- « Oui, avec toutes nos nouvelles ressources électroniques, je comprends qu’on passe moins souvent. Mais bon, les manuels, il faut bien venir les emprunter. »
- « En fait, je n’ai pas besoin d’emprunter des manuels… »
- « Ah ?! Mais on ne propose rien en ligne. C’est pas la faute demander aux éditeurs français des offres en ligne pourtant… »
- « Comment pensez-vous qu’ils font au Magrheb ou en Afrique, où ils n’ont pas assez d’argent pour s’acheter les livres. Ils se débrouillent. Nous aussi. »

Et moi de découvrir de beaux sites, où l’on trouve tous les jolis manuels dont on a besoin. C’est beau, bien fait, il y a toutes les infos utiles, même des photos de couvertures, des classements par spécialités… C’est un peu rustique (le site n’est qu’un blog, en fait), mais diablement efficace. L’hypocrisie est de mise – l’auteur dit promouvoir les ouvrages, en insérant d’ailleurs pour chaque titre un lien vers Amazon.
Et l’on se retrouve, via des liens Bitorrent, avec de plus ou moins beaux PDF de manuels de médecine en français. Bon, on ne trouve pas tout non plus, parfois, ce n’est pas la dernière édition ou bien la numérisation a été réalisée à la hussarde (devrais-je dire « à la Google » ?) avec pages décalées, effets de manches et petits doigts.

Dormez tranquilles, éditeurs français qui refusez obstinément de nous proposer des manuels en ligne récents pour nos étudiants en médecine. Ces derniers numérisent pour vous. Mais je ne suis pas sûr que vous y gagnerez au bout du compte !

Seuls quelques-uns se lancent timidement sur le marché, au moment où je vous parle. Par exemple, la Collection du conférencier, de l’ogre Elsevier (Masson), disponible sur Numilog (Masson qui propose en tout 21 ebooks médicaux en français sur ce site, au jour d’aujourd’hui, comme on dit en mauvais français). Le problème de Numilog appliqué aux bibliothèques, c’est qu’ils réussissent l’exploit de reproduire dans le monde virtuel les limitations du monde réel : le document est en PDF, mais il n’y a que quelques accès simultanés pour les lecteurs, comme si l’on avait un nombre limité d’exemplaires sur des étagères ! En plus, quand on achète, on économise seulement quelques centimes d’euros par rapport à la version papier. Sans parler du fait qu’on se retrouve bien souvent avec une ancienne édition, alors qu’une nouvelle à jour est par contre disponible… en papier.

[mise à jour : je suis en fait beaucoup trop sévère avec Numilog. Il s'avère que cette société est avant tout un distributeur, qui n'influe en rien sur les choix des éditeurs. Si une maison d'édition ne souhaite diffuser que de vieilles éditions, Numilog n'y peut rien. Au temps pour moi ! Quant au nombre d'exemplaires disponibles, j'imagine que ce sont des choix propres aux bibliothèques]

Bref, le PDF avec tous les défauts du papier !

C’est encore bien timide, tout ça, on sent que les éditeurs font des tests : on ne prend aucun risque en verrouillant bien tout, sans risquer de perdre de l’argent, au pire ce n’est qu’une édition périmée…

L’exemple de l’industrie du disque ne doit pas être suffisamment éclatant…

  • Share/Bookmark

La règle n°17

Vendredi 18 septembre 2009

Aujourd’hui, j’ai encore oublié la règle n°17, malgré mes mésaventures passées :

À l’hôpital, ne rentre jamais dans une zone que tu n’as pas clairement identifiée.

En cherchant des bibliothèques de médecine, je m’étais déjà retrouvé dans des services de réanimation néonatale. J’avais traversé des urgences de pédiatrie, semées d’embûches et de bambins blessés et hurlants. J’avais failli rentrer dans une chapelle mortuaire en plein office.

Je suis désormais passé à la vitesse supérieure. À ma décharge, je ne me méfiais pas. Pour une fois, je déambulais dans le bâtiment dévolu à l’université – certes sur le site de l’hôpital, mais pas dans une zone vraiment hospitalière. Au pire, je pensais me perdre dans des couloirs obscurs en cherchant la grande desserte centrale que je sais courir sous toute la longueur du bâtiment.

Mais en poussant cette porte inconnue, je me retrouve (avec une collègue), dans une petite cour exigue et un peu sordide. Personne. Des paravents à notre gauche. Des paravents ? Tiens, c’est rigolo, ça. Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Tiens, un cercueil. Un cercueil ouvert ! Ah non, PLUSIEURS CERCUEILS OUVERTS !

C’est vrai, je l’avais oublié, le funérarium de l’hôpital est hébergé dans le bâtiment de la fac. Là où l’on trouve les non-publics, les lecteurs morts, comme l’avait dit une fois l’une de mes collègues

C’est quand même sympa, un funérarium ouvert aux quatre vents, où tout à chacun peut rentrer librement pendant l’heure du déjeuner. La prochaine fois que je m’ennuie à la bibliothèque, je saurai quoi faire…

Argh !

  • Share/Bookmark