Archive pour février 2011

L’internat qui enfle, qui enfle…

Jeudi 10 février 2011

Les manuels d’internat font partie des best-sellers des bibliothèques de médecine.

Les DCEM se jettent littéralement dessus. Ils ne peuvent pas acheter tout ce qui sort, alors ils empruntent, tous la même spécialité en même temps, en fonction des cours et des examens. Et comme nous n’avons jamais assez d’exemplaires pour eux, les emprunts donnent parfois lieu à une compétition acharnée (truandage pour se faire prolonger les prêts, emprunts croisés avec les cartes des copains – bonjour les embrouilles en cas de retard, exemplaires sciemment mal rangés ou dissimulés derrière des étagères pour que les collègues ne le trouvent pas… J’en passe et des meilleures).

Et l’intérêt pour le papier ne se dément pas. Alors que les éditeurs français, toujours frileux, commencent timidement à tendre un orteil dans le bain de l’édition électronique, les étudiants rechignent à utiliser les manuels en ligne que nous leur proposons en test. Ils veulent du bon vieux papier, qu’on peut transporter avec soi et stabiloter à loisir. Quand les tablettes auront materné les nouvelles générations, et que les ebooks ne seront plus des PDF intouchables, peut-être les choses changeront-elles… Bien sûr, ils se « contentent » de l’électronique quand ils n’ont pas le choix : pays sans bonnes bibliothèques, textbooks trop chers ou volumineux qu’on ne peut pas emprunter, manuels dont tous les exemplaires sont sortis… Surtout que tout ou presque est disponible en ligne d’une manière ou d’une autre, sans attendre que les éditeurs se décident enfin à proposer des offres électroniques cohérentes et abordables. Quand on leur parle des ebooks pendant les formations, les étudiants prennent un malin plaisir à échanger avec leurs camarades les meilleurs adresses pour télécharger tel ou tel manuel, au grand dam du formateur…

Tout ça pour dire qu’une grosse bibliothèque de médecine se doit d’acheter tout ce qui sort en internat, toutes spécialités confondues. Enfin, presque tout, car il existe quand même certaines collections tellement mauvaises que les étudiants ne les empruntent même pas… Non, je ne donnerai pas de non, consultez donc vos stats de prêts !

Sauf qu’en 2008, nous avions évalué qu’il sortait chaque année une centaine de nouveaux titres « internat », tout compris. Pour un prix moyen d’une vingtaine d’euros. Ce qui ne veut rien dire. Car les manuels d’internat appartiennent en gros à deux catégories : les petits à spirales, dans les 10 euros (difficiles à équiper et à ranger : où voulez-vous placer l’antivol ? Et la cote, vu qu’il n’y a pas de dos !?). Et les gros manuels qui dépassent les 30 euros.

Problème. Je viens de faire le bilan 2010. Et nous avons acheté 160 nouveautés ! Pour un prix moyen flirtant toujours avec les 19 euros. Mais 160, c’est plus de 50% de nouveaux titres en deux-trois ans. Ce qui entraîne un budget en hausse considérable, sachant que les manuels d’internat s’achètent parfois par paquets de 30 dans les grandes BU.

À ce problème s’adjoint la question d’un certain éditeur français, aux couvertures flashy – que je ne nommerai pas, car je suis lache. Et puis tout le monde le reconnaîtra. Éditeur connu pour sa production prolifique. Un peu trop même, puisque nous croulons sur les nouveautés, qui ont parfois un goût de réchauffé, à ce que nous en disent les étudiants. Nouvelles éditions où seule la couverture aurait changé, nouvelles collections qui reprendraient des bouts d’autres séries, coquilles en pagaille… Dommage, alors que plein de titres chez eux tiennent la route et sont de grands succès. Il n’y a pas que les bibliothécaires qui se posent des questions, puisque certains étudiants ont même lancé une idée de boycott des récentes publications de l’éditeur, jugées trop décevantes.

Tout ça pour dire qu’il y a de plus en plus d’internat, et que nous avons de moins en moins de sous pour les acheter !

Si vous connaissez les mêmes soucis, témoignez (lachez vos com, comme disent les jeunes).

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Nouvelle bib de médecine ouverte sur Paris le samedi

Vendredi 4 février 2011

Une nouvelle bibliothèque de médecine qui ouvre ses portes le samedi (grâce aux collègues de Paris VII :

« À compter du 5 février, la bibliothèque de l’UFR médicale – site Villemin ouvre le samedi de 10h à 18h. L’entrée se fait allée Jean-Bernard. Les lecteurs doivent être inscrits dans les bibliothèques de l’UFR (Site Villemin ou Xavier-Bichat) et présenter leur carte à l’accueil de la bibliothèque.

Cette extension des horaires d’ouverture est possible grâce à l’implication des personnels des bibliothèques Xavier-Bichat et Villemin.

La bibliothèque Villemin sera ouverte les samedis suivants :

février mars avril mai
5,12,19,26 5,12,19,26 2,9,30 7,14,21,28″
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EM-Consulte devient EM-Premium. Et alors ?

Mercredi 2 février 2011

Au départ, la terre était une immense boule de feu, et il y avait l’encyclopédie médico-chirurgicale.

Une de ces publications en feuillets, dans des dizaines de classeurs, qu’il fallait mettre à jour en permanence. Retirer les feuillets trop vieux, en mettre de nouveaux à la place, qu’on recevait par courrier. L’intégrale de l’EMC faisait presque dans les 10 mètres linéaires. Un casse-tête en termes de place et de gestion. Vous savez, le genre de truc qui existe aussi en droit…

Mais une bonne encyclopédie médicale, en français, par spécialités, avec de bonnes bibliographies à la fin de chaque article. Et mise à jour en permanence, donc. Avec, une fois n’est pas coutume, des choses intéressantes pour les paramédicaux, orthophonie, psychomotricité, orthoptie…

Puis est venue EM-Consulte, habile jeu de mots pour garder EMC (le nouvel EM étant peut-être une référence à Elsevier-Masson, l’éditeur ?). La version en ligne de ladite encyclopédie. Plus de problèmes de place, plus de problème de mise à jour. Mais des problèmes avec les vieux lecteurs qui ne comprenaient pas pourquoi on avait bazardé nos exemplaires papier – exemplaires que, soit dit en passant, aucun service de l’hôpital n’avait souhaité récupérer.

Mais de bons gros défauts aussi :

- Aucune possibilité d’accès distant pour les bibliothèques (hallucinant mais vrai) ;

- Plus aucune trace des vieux articles archivés avant 2003 (dommage… fallait pas jeter tout le papier !) ;

- Des résultats pollués par des articles de revues Elsevier, pertinents, mais souvent payants et pas accessibles, au beau milieu des articles de l’encyclopédie.

Puis est venu en ce début d’année 2011 EM-Premium, une nouvelle plateforme qui remplace EM-Consulte (dommage, ça fait plus « EMC » ça !).

Un gros bon point : l’accès distant serait paraît-il possible, moyennant une majoration de 5% du prix (il était temps, les gars !).

Un gros point noir : toujours pas Zotero-compatible. Ni avec aucun autre outil de gestion bibliographique, pour ce que m’en avaient dit les techiniciens de Masson…

Tiens, pendant qu’on parle d’Elsevier, une université a enfin réussi à renégocier les contrats avec cet éditeur : http://www.upmc.fr/fr/salle_de_presse/upmc_dans_les_medias/agences/elsevier.html

Un exemple à suivre, soutenu par les chercheurs (en tout cas ceux avec qui j’ai eu l’heur d’en discuter), qui voient eux aussi d’un mauvais oeil les pratiques monopolistiques de cet éditeur.

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