Nous sommes tous des cochons mexicains

23 janvier 2010

Rions un peu avec le ministère de la Santé – mais ce que je vais raconter, tout le monde le sait. Ça vous est forcément arrivé, à vous ou l’un de vos proches.

En tant que bibliothécaire médical, nous avons la chance de bénéficier de certains avantages réservés habituellement aux docteurs : la réduction sur l’expresso à la cafette, le respect de certains étudiants en médecine étourdis qui nous prennent pour des praticiens, et les vaccins à l’œil (enfin gratuits, entendons-nous bien), notamment celui de la grippe saisonnière.

La grippe porcine mexicaine (dite A pour ne pas vexer les cochons mexicains) ne fait pas exception à la règle. Alors que le bas peuple faisait la queue plusieurs heures d’affilée dans des gymnases ou des salles des fêtes, les bibliothécaires pouvaient se faire vacciner à l’hôpital.

En l’occurrence, pour votre serviteur, cela s’est traduit par un accueil chaleureux, dans des bureaux déserts, par deux infirmières désœuvrées à qui il restait une dose de vaccin (souvenez-vous, ils sont conditionnés par 10, pour que ce soit moins pratique) :

« Ça tombe bien, il n’y a personne et on allait jeter la dernière dose, vu que c’est la fin de la journée. »

Comme vous le savez, tous n’auront pas eu cette chance, tant l’organisation laissait à désirer : ma conjointe, enceinte jusqu’aux yeux, a reçu son bon de vaccination la veille du terme de sa grossesse (pas de chance, il s’est avéré que c’était aussi le jour de son accouchement ! Too late!). Une amie, qui a accouché un mois avant nous, n’avait pas encore reçu son bon alors que nous venions d’avoir le nôtre. Et si j’écris ce billet, c’est que j’ai reçu le mien (en tant que parent d’un nourrisson, j’imagine) hier (alors que je suis donc vacciné depuis plus d’un mois et que l’épidémie n’a plus le vent en poupe).

Une organisation et un suivi des vaccinations qui forcent le respect. Il vaut peut-être mieux d’ailleurs, puisque le vaccin serait un poison secret distillé par les Illuminati. C’est forcément vrai, ils le disent sur TF1, un peu à leur corps défendant mais bon. Pour une fois que j’ai l’occasion d’encapsuler une vidéo putassière, j’en profite. Ce billet devient vraiment du grand n’importe quoi. Que sont les bibliothèques médicales devenues ?

Intrusion en direct sur TF1 : Dechavanne très en colère !
envoyé par zap-tele. – Gag, sketch et parodie humouristique en video.

Conclusion : en cas de vraie pandémie méchante (ou d’attaque terroriste à l’arme bactériologique, soyons fous), on sera tous morts en dix jours.

En attendant, 4 000 postes vont être supprimés à l’Assistance publique…

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Faire le bonheur des lecteurs malgré eux

19 janvier 2010

Dit et entendu lors d’une réunion de direction, à propos des lecteurs qui dédaignent les formations usagers que nous proposons en bibliothèque :

« Les lecteurs ne savent pas qu’ils ont besoin de nous« 

Sourires convenus dans l’assistance…

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Formations pour les médecins généralistes

18 janvier 2010

… et les autres.
Une astuce communiquée ce jour par une collègue chargée des formations aux usagers,astuce  évidente, mais à laquelle je n’aurais pas pensé naturellement.

Quand vous souhaitez monter une formation destinée aux médecins en exercice, et plus particulièrement aux généralistes : privilégier les mois de mai-juin, quand il y a moins d’épidémies, de rhumes, de gastros et de grippes, et qu’ils sont moins sollicités par leurs patients.

Ça coule de source, mais c’est hyper-important, pour éviter d’organiser des formations sans public !

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Des nouvelles de la présipauté

14 janvier 2010

Notre bien-aimé président a fait part de ses vœux à l’enseignement supérieur, le 11 janvier dernier, sur le plateau de Saclay.
Le texte intégral est disponible ici : http://www.elysee.fr/download/?mode=press&filename=100111-disc-voeux-education-et-recherche.pdf

On y lit avec intérêt que le GrandEmprunt permettra de financer
« l’émergence de pôles d’excellence, qui rassembleront universités, grandes écoles et organismes de recherche dans des campus de rang mondial, capables de rivaliser avec les meilleures universités étrangères, et ayant les mêmes standards d’excellence, notamment sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur : des bibliothèques universitaires modernes, ouvertes 7 jours sur 7, oserai-je le dire, de 8h à 22h. Franchement, je n’ai pas l’intention que l’on fasse des bibliothèques universitaires pour qu’elles soient fermées le week-end et pas ouvertes le soir.« 

Un bien beau programme, qui sera sans doute accompagné de force moyens et créations de postes ! Car qui dit horaires d’ouverture étendus, dit besoins nouveaux en personnels, cela va de soi.
Ah, on me souffle dans l’oreillette que c’est plutôt un poste de fonctionnaire sur deux qui doit disparaître. Mais alors, qui va ouvrir la bibliothèque le soir et le week-end ? Encore des moniteurs étudiants, payés un peu plus qu’un magasinier en début de carrière ? Nous n’osons le croire !

Affaire à suivre ! (signalée par nos collègues de Versailles-Saint-Quentin)

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Différence entre revue systématique et méta-analyse

13 janvier 2010

Qui fait régulièrement des recherches dans PubMed  a déjà dû se demander, au moins au début, la différence entre « revue systématique » et « méta-analyse« .

Je viens enfin de trouver une définition à peu près claire (ici), qui distingue bien ces deux termes – et je me permets d’en donner une version francisée :

« Une revue systématique est une manière approfondie, globale et explicite d’interroger la littérature médicale. Elle comprend généralement plusieurs étapes, parmi lesquelles (1) poser une question à laquelle on puisse répondre (c’est souvent l’étape la plus difficile), (2) identifier une ou plusieurs bases de données à interroger, (3) élaborer une stratégie de recherche explicite, (4) sélectionner les titres, les résumés et les textes en se basant sur des critères explicites pour les retenir ou non et (5) synthétiser les données sous un format standardisé.

Une méta-analyse est une approche statistique visant à combiner les données issues d’une revue systématique. Toute méta-analyse devrait donc reposer sur une revue systématique sous-jacente, alors que toutes les revues systématiques ne donnent pas lieu à une méta-analyse. »

Mon anglais étant perfectible, je suis preneur pour toute amélioration de traduction !

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PubMed & Google sont-ils utiles aux étudiants en médecine ?

6 novembre 2009

Un étudiant me signale cet article (malheureusement pas en libre accès), qui tente de déterminer si l’usage de PubMed & Google aide à établir un diagnostic :

Do PubMed and Google searches help medical students and young doctors reach the correct diagnosis? A pilot study
by: Matthew E. Falagas, Fotinie Ntziora, Gregory C. Makris, George A. Malietzis, Petros I. Rafailidis
European Journal of Internal Medicine (17 October 2009)

doi:10.1016/j.ejim.2009.07.014

La réponse : oui, un peu, mais pas tant que ça. Espérons que des études complémentaires viendront creuser la question…

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L’artiste et/ou ministre

27 octobre 2009

Suite de mes explorations du tome V des chroniques d’Alvin le Faiseur.

Où un passage rappelle certaines polémiques d’actualité, avec de vieux artistes rattrapés par leurs vieux démons, et des ministres qui les défendent bien mal tout en se piquant eux-mêmes d’être artistes :

« Au moment où vous commenciez à me plaire, monsieur Balzac, vous prouvez que vous n’êtes pas un gentilhomme.

- Rien ne m’y oblige, répliqua Balzac. Je suis un artiste.

- Vous marchez quand même sur vos deux jambes et mangez avec votre bouche. Le statut d’artiste ne vous confère pas de privilèges particuliers. Il vous donnerait plutôt de plus grandes responsabilités. » (page 150 de l’édition Atalante).

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Féminisme & bibliothèques

19 octobre 2009

Elle avait vite appris qu’il n’existait pas meilleur professeur que la bibliothèque parce que les auteurs des livres n’avaient aucun moyen de la laisser à la porte à cause de son sexe. Une fois la somme de leur savoir couchée par écrit, ils devaient endurer l’ignominie qu’une femme la lise et la comprenne.

Orson Scott Card, Flammes de Vie, Les Chroniques d’Alvin le Faiseur, p.103 (éd. L’Atalante)

L’héroïne vit dans une Amérique uchronique du début du XIXe s.

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Règle n°18

5 octobre 2009

Encore des anecdotes, pour ce blog qui traite décidément bien peu des sujet sérieux de bibliothéconomie médicale.

Le supplément indispensable à la règle n°17 évoquée précédemment, est fort logiquement la règle n°18. En fait, il ne faut jamais sortir de sa bibliothèque, et ne jamais s’aventurer dans l’hôpital, même si l’on sait dans quelle zone on se trouve.

Pour preuve une mésaventure arrivée récemment à une collègue. La voilà qui croise un brancard, quand un sinistre bip lancinant est soudainement émis par le monitoring. Les infirmiers arrêtent leur convoi, bloquant toute circulation dans le couloir, pour commencer un massage cardiaque. Massage cardiaque qui se révélera vain, au final. Encore des histoires de lecteurs morts, décidément, on n’en sort pas.

D’ailleurs, je n’ai pas osé demander un certain livre à la médiathèque de l’hôpital (charmante structure qui complète avantageusement elle aussi la sinistre bibliothèque de travail que nous sommes) : il s’agissait de l’excellent (à ce qu’on dit) comics Walking Dead. Je me suis dit qu’ils n’achetaient certainement pas d’histoires de morts-vivants dans une bibliothèque où patients et médecins peuvent emprunter.

Dernière anecdote, qui n’a rien à voir, mais qui fait rire jaune quand même : quand le doyen demande à ses bibliothèques de médecine d’ouvrir davantage pendant les vacances de Pâques. Il a parfaitement raison, c’est bien que les étudiants puissent travailler chez nous pendant les vacances. Mais pas de chance, on ne ferme jamais à Pâques ;-)

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Le manuel du parfait pirate

26 septembre 2009

En fait, il s’agit plutôt du piratage des manuels.
Cela m’étonnait aussi, que les bouquins de médecine, si chers, ne soient pas piratés par les étudiants. Il y avait bien eu quelques articles sur TheStudentBay, équivalent du mal-en-point PirateBay, soi-disant pour les manuels estudiantins.

Mais bon, c’était en Suède, donc plutôt j’imagine pour des ouvrages en suédois, ou en anglais.

J’étais bien loin du compte.

Discussion avec un deuxième cycle :
- »Bon, on va vous revoir à la bibliothèque cette année »
- « Non, je n’aurai pas le temps. »
- « Oui, avec toutes nos nouvelles ressources électroniques, je comprends qu’on passe moins souvent. Mais bon, les manuels, il faut bien venir les emprunter. »
- « En fait, je n’ai pas besoin d’emprunter des manuels… »
- « Ah ?! Mais on ne propose rien en ligne. C’est pas la faute demander aux éditeurs français des offres en ligne pourtant… »
- « Comment pensez-vous qu’ils font au Magrheb ou en Afrique, où ils n’ont pas assez d’argent pour s’acheter les livres. Ils se débrouillent. Nous aussi. »

Et moi de découvrir de beaux sites, où l’on trouve tous les jolis manuels dont on a besoin. C’est beau, bien fait, il y a toutes les infos utiles, même des photos de couvertures, des classements par spécialités… C’est un peu rustique (le site n’est qu’un blog, en fait), mais diablement efficace. L’hypocrisie est de mise – l’auteur dit promouvoir les ouvrages, en insérant d’ailleurs pour chaque titre un lien vers Amazon.
Et l’on se retrouve, via des liens Bitorrent, avec de plus ou moins beaux PDF de manuels de médecine en français. Bon, on ne trouve pas tout non plus, parfois, ce n’est pas la dernière édition ou bien la numérisation a été réalisée à la hussarde (devrais-je dire « à la Google » ?) avec pages décalées, effets de manches et petits doigts.

Dormez tranquilles, éditeurs français qui refusez obstinément de nous proposer des manuels en ligne récents pour nos étudiants en médecine. Ces derniers numérisent pour vous. Mais je ne suis pas sûr que vous y gagnerez au bout du compte !

Seuls quelques-uns se lancent timidement sur le marché, au moment où je vous parle. Par exemple, la Collection du conférencier, de l’ogre Elsevier (Masson), disponible sur Numilog (Masson qui propose en tout 21 ebooks médicaux en français sur ce site, au jour d’aujourd’hui, comme on dit en mauvais français). Le problème de Numilog appliqué aux bibliothèques, c’est qu’ils réussissent l’exploit de reproduire dans le monde virtuel les limitations du monde réel : le document est en PDF, mais il n’y a que quelques accès simultanés pour les lecteurs, comme si l’on avait un nombre limité d’exemplaires sur des étagères ! En plus, quand on achète, on économise seulement quelques centimes d’euros par rapport à la version papier. Sans parler du fait qu’on se retrouve bien souvent avec une ancienne édition, alors qu’une nouvelle à jour est par contre disponible… en papier.

[mise à jour : je suis en fait beaucoup trop sévère avec Numilog. Il s'avère que cette société est avant tout un distributeur, qui n'influe en rien sur les choix des éditeurs. Si une maison d'édition ne souhaite diffuser que de vieilles éditions, Numilog n'y peut rien. Au temps pour moi ! Quant au nombre d'exemplaires disponibles, j'imagine que ce sont des choix propres aux bibliothèques]

Bref, le PDF avec tous les défauts du papier !

C’est encore bien timide, tout ça, on sent que les éditeurs font des tests : on ne prend aucun risque en verrouillant bien tout, sans risquer de perdre de l’argent, au pire ce n’est qu’une édition périmée…

L’exemple de l’industrie du disque ne doit pas être suffisamment éclatant…

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